mardi, juillet 19, 2011

 

Interview de Zion Train au Festival Couleurs Urbaines

Pouvez-vous vous présenter, pour les personnes qui ne vous connaissent pas ?

Neil Perch : Je m’appelle Neil Perch, je suis le membre fondateur du groupe Zion Train, je m’occupe aussi du Sound System Abassi Hi Power, du label Universal Eggs et également de Deep Root. Nous sommes ici, avec Mc Dubdadda, dans le sud de la France, pour jouer pour le Festival Couleurs Urbaines.

D’où venez-vous et où avez-vous commencé en tant que Sound System ? Quelles sont vos influences musicales ?

N.P : Zion Train a démarré à Londres même si personne n’en est originaire. Je viens de Liverpool et Dubdadda vient de Manchester mais nous avons tous passé beaucoup de temps à Londres. Les musiciens s’y sont retrouvés car c’est une immense ville où tu y trouves de tout notamment des sound systems. Qu’est ce qui nous différencie des autres ? Nous écoutons pas mal de musiques underground anglaise que nous incorporons dans nos sons. En Angleterre Il y a une grande scène techno underground.

Ce genre de soirée à démarré en France avec des artistes anglais car les soirées électro étaient devenues beaucoup trop surveillées en Angleterre.

Nous écoutons donc différents styles de musique et nous essayons de faire un son principalement basé côté dub tout en gardant l’énergie des autres styles. Pour nous, ce n’est pas tellement différent, on s’inspire du roots des caraïbes mais aussi des différentes musiques venant d’Angleterre. En allant dans nos soirées, les gens viennent se libérer l’esprit et faire une pause. Ils écoutent notre son qui est bien plus qu’un style pour se sentir bien mieux après. Je pense que la particularité de notre musique est la combinaison de toutes ces choses et on existe bien entendu, grâce la culture sound system !

On peut considérer que l’âge d’or du sound system en Angleterre était dans les années 90’s, notamment sous l’impulsion de Jah Shaka ? Que pensez-vous des années 2000 ?

N.P : Premièrement, avant que je parle de ça, je respecte toutes les personnes qui possèdent un sound system car c’est beaucoup de travail. Tu ne deviens pas riche et la plupart des gens le font car ils aiment cette musique.

Shaka à été influencé par une plus vieille génération de sound system que la sienne comme des artistes tels Soprano B ou V Rocket.
A la base, chaque ville qui possède une population Jamaïcaine avait au moins un sound system même si c’était une tout petite ville. Toute ville plus grande avait 2-3 sounds.
Donc des villes comme Bristol, Manchester ou encore Birmingham en avaient 10 et même 40 à Londres, une pour chaque quartier ... Par exemple, Shaka était uniquement sur South East London, Fatman était au Nord est de Londres, Freedom Massive du côté de Manchester, etc.

De nos jours, le sound system anglais est comme une compétition de volume. Il n’est plus question de musique, c’est presque l’antithèse de la musique. A l’époque, le son était parfaitement bon, cela suffisait pour une pièce de 200-250 personnes, pas plus…

C’était suffisant ?

N.P : Jouer devant 250 personnes est différent que de jouer pour un festival avec 10000 personnes. C’est un sentiment très différent.

Zion Train a joué devant presque ½ million de personnes, dans de grands festivals et c’est une surprenante et très bonne expérience. Mais ce n’est pas la même expérience spirituelle si tu joues devant 200 fans 4 à 5 heures d’affilée dans la même pièce. Tu as le temps d’établir une certaine relation avec ton public, c’est tellement plus intense. C’est ce qui fait du sound system son originalité.
A la base, ce sont les gens des « ghettos » qui venaient aux sound car leur vie était catastrophique et ils avaient les boulots les plus pourris du pays. Ils étaient constamment arrêtés par la police et n’avaient pas toujours l’argent nécessaire pour s’acheter à manger ou encore suffisamment pour payer leurs factures, ils venaient aux sounds pour oublier leurs vies de merde et c’est pourquoi c’était une incroyable expérience. La musique dub, la musique reggae est une musique pour les « sufferers », elle vient d’eux et c’est pourquoi elle est si puissante aujourd’hui.

Donc ça n’a rien à voir quand tu as une pièce avec plein de gens qui viennent juste pour faire la fête. L’énergie est toujours présente mais c’est différent. L’âge d’or du Sound system anglais était vraiment le moment où on jouait pour des gens comme nous, où on les comprenait parfaitement car on était comme eux. Et je tiens encore à dire que c’était les mêmes personnes qui faisaient du sound system car ils aimaient vraiment cette musique. Zion Train a été créé de cette manière.

Quelles sont vos news ? (je lui montre un de leurs derniers cds sortis « Live as One »)

N.P : Cet album est sorti en 2006, c’était le 8ième et depuis nous en avons sorti un autre qui est un remix de celui-ci par différents artistes de la scène dub. Cet album a gagné le Jamaican Grammy en 2007. Cette année, nous avons sorti la compilation « The best of Zion Train » qui répresente 20 ans de nos chansons mais produits par d’autres labels anglais prestigieux. Nous travaillons actuellement sur un autre album « State of Mind ».

Nous avons notre propre label et nous avons toujours fonctionné ainsi, plus de 50 albums sont sortis par Universal Egg, plus de 40 albums sur Deep Root… Beaucoup d’artistes comme Vibronics, Jah free, Dub Terror, Abassi (en même temps c’est logique car c’est mon groupe), Mc Dubdadda, Brass Players, The love Gracer ont commencé chez nous !

Comment vois-tu l’évolution du reggae en général ?

Mc Dubdadda : Je pense que la musique venue de la Jamaique à la fin des années 90 et début 2000 est assez décevante car les paroles étaient vraiment basées sur le « Slackness ». Ca m’a un peu détourné du reggae jamaïcain. Parallèlement, la scène européenne continuait à grandir : si tu veux voir du roots, tu viens en France car il y a toujours eu de très bonnes scènes. Si tu viens en Angleterre maintenant, les jeunes font du dubstep, ils sont tous influencés par le dub et ils utilisent des samples des Wailing Souls, de Bob Marley… J’espère qu’avec des musiques comme le Dubstep, le ‘Grime’, le ‘niche’, on reviendra bientôt à une vraie culture musicale où on oubliera le « Slackness » où il n’y aura plus de racisme, d’homophobie ou encore de non respect de la femme…

Alors que ressens tu comme tu vois des artistes comme Capleton ou encore Sizzla ?

Mc Dubdadda : C’est triste man, vraiment triste. Si j’ai l’opportunité de jouer chaque weekend devant 10,000 personnes et que je dis « Tuons les homosexuels », qui serais-je ? Je devrais plutôt me lever et dire : « Aimons nous les uns les autres ! » car nous sommes avant tout des êtres humains et c’est une opportunité ! Quand je pense à ces artistes qui disent des mauvaises choses juste pour se faire une réputation, je me dis qu’ils perdent vraiment leur temps car la vie est si courte… J’ai 45 ans maintenant et c’est passé comme ça (il fait un claquement de doigt). Je pense que les artistes ayant un fort pouvoir doivent l’utiliser pour quelque chose de positif…

Mais dans leur propre culture, c’est mal vu d’être un batty boy ! Peut être qu’avec notre culture occidentale, on ne les comprend pas ?

Neil Perch : Non, il ne s’agit pas de culture, il s’agit plutôt de petits et de grands endroits. Kingston est un village, Barbados, Bridgetown sont des villages. L’île des Barbades fait 21 km de long et 12 km en profondeur. Un gars qui débarque ici va dire toute sorte de choses, on va penser qu’il est génial mais son opinion à la base est tronquée…
Mais qui est-il ? Quelle expérience a-t-il, quelles sont ses connaissances ? Mais qu’a-t-il en réalité ? Rien… il est aussi vide qu’un nouveau né, c’est même pire car il est rempli de poisons. Tu le vois devant des centaines de milliers de fans et les gens disaient : « C’est cool sa musique » ! Cinq ans après, ces mêmes fans réalisent ce qu’il a vraiment dit et sont déçus parce que cet artiste n’est pas un homme intelligent. Son cerveau est étroit car il vient d’un petit village.

Maintenant, les gens « vendent » la culture du ghetto, ils le font aveuglement, c’est arrivé dans le hip hop également et dans le dancehall, ils ont vendu l’homme noir mauvais le prophète noir en colère. VP records comme Greensleeves ont vendu cette image.
Ces artistes sont des idiots, ils ne devraient pas pouvoir parler ou avoir un micro dans les mains (et après on se demande pourquoi ils disent des choses aussi stupides.) Mais la véritable question est : « qui a autorisé ces gens à chanter ainsi ? ». C’est simple, l’argent est la véritable réponse, c’est où tu retrouves les vrais criminels. Ces artistes, Sizzla et Capleton, sont peut être des princes, mais en réalité, ils sont ignorants.

Tu veux dire qu’ils ne sont pas malins ?

N.P : C’est ca ! Les businessmen comprennent ca mais savent que rien que de les faire monter sur scène, ça leur rapporte de l’argent. C’est de là que vient le véritable problème et c’est de là que vient le véritable crime, le slackness.

Quel est le groupe que vous aimez bien en ce moment ?

N.P : j’aime bien le groupe Jamaicain Rootz Undergound… non seulement c’est assez récent mais en plus c’est vraiment positif

Mc Dubdadda : Ce que j’écoute en ce moment n’est pas trop reggae. Je me concentre pas mal sur des musiques venant d’Angleterre comme le ‘grime’ ou le garage. J’aime leur énergie et c’est beau à voir. (En plus ) pour moi en tant qu’anglais, c’est de la bonne musique bien enivrante comme l’a pu l’être pour nous le sound system, la scène rave, la drum and bass ou encore la jungle. Maintenant tu as le ‘niche’, le ‘grime’ et le dubstep. C’est fait par des jeunes qui en veulent et c’est vraiment excellent.

Sinon, y a un jeune gars en Angleterre qui s’appelle Ed Sheeran et qui a fait une superbe chanson « the A Team ». Ca parle d’une jeune fille qui consomme du crack et c’est vraiment bon car ca parle de la vraie vie (il nous dit que la chanson est diffusée sur les grandes radios anglaises telles que Radio One et BBC).

Merci d’avoir répondu à nos questions. A très bientôt.

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